Born in Lyon, and a former language teacher, I started working as a freelance translator in Brittany in 2018,
before moving back to my home town in 2019.
(Photo: Betrand Perret)
As a French language specialist and a fully trained English teacher,
I have always been fascinated by foreign languages and the contact with other cultures. After studying and teaching languages for several years in France, England and Germany, I decided to start a new career and turn to translation, so as to best
take advantage of my multilingual skills and cater for people’s needs.
I graduated from Rennes 2 University with a Master’s Degree in Translation and Interpreting with first-class honours. As part of my professional training, I was lucky to work as an in-house translator & proofreader at two translation agencies in Rennes (Alphabets and LinguaForce). Since 2018, I have had the pleasure of helping international clients and participating in a variety of exciting projects.
Translation is essential when you want to communicate in a foreign language.
It takes breaking down the language barrier. A carefully-crafted text will completely miss the target if it is badly translated.
My personal experience, coupled with my studies and professional experience, mean I can express your message as accurately as possible.
My services and work areasEnjoy direct, responsive, human contact. You will always be in contact with me without any intermediary. Tell me about your project, your needs and ask me all your questions. I will advise you as best I can and explain to you from the start how your project will be handled, in full transparency, taking into account your personal circumstances.
No agency fees: I charge a word rate and/or an hourly rate to define a fair price according to your project, the services you need, your expectations and your constraints. I’m flexible and will happily adapt to your situation as best I can!
To obtain a good vintage, you have to give it time. I am committed to handling your project as quickly as possible, while respecting this criterion. For quality purposes, I usually handle up to 2,000 words per day. Of course, if things are a bit rushed on your side, we can always discuss it.
As I am striving for complete customer satisfaction, I will remain available once the project is completed in case any changes are needed, which contributes to maintaining a relationship built on trust.
Beyond words lies experience. As a European citizen, I have developed an international profile which I owe to constant contact with various cultures. Sustaining such linguistic and cultural awareness truly allows you to immerse yourself in different worlds. Taking a step back,
you open up to different ways of thinking and seeing the world.
“Each language is a world. Without translation, we would be living in provinces bordering on silence.” (George Steiner)
En ces temps covidesques, force est de constater que la période aura au moins été propice à la (re)découverte de ses racines et/ou du patrimoine local, parfois délaissé au profit d’autres horizons dont l’attrait pouvait nous sembler, jusqu’à l’année dernière, proportionnel à leur éloignement.
En proie à des interrogations sur l’histoire de ma région et de ma propre famille, j’ai profité de ce temps passé en présence de mes parents pour explorer les Monts du Lyonnais, d’où mon père est originaire, et dans les Monts d’Or, que je connaissais très peu, même en étant Lyonnaise (honte à moi).
Si vous aimez la marche, la nature et le patrimoine, que vous soyez de la région ou de passage, je vous invite à emprunter ces circuits à la découverte des cabornes des Monts d’Or. Petit coup de cœur pour le sentier des cabornes à Poleymieux, mais il existe de nombreux parcours tout aussi sympathiques entre St Didier, St Cyr et St Romain au Mont d’Or.
C’est mon père qui m’a parlé en premier de ces fameuses cabornes (dont la prononciation en Lyonnais m’échappe encore), à l’occasion d’une ascension au Mont Thou. Dans le Beaujolais et le Mâconnais, les homologues des cabornes se nomment les « cadoles ».
Les Monts d’Or
Avec les Monts du Lyonnais, les Monts d’Or constituent la bordure nord-est du Massif Central. Il s’agit d’un relief typique de massif calcaire. Le sol argileux donne ce ton ocre caractéristique aux sentiers, et la pierre jaune de Couzon est utilisée dans les murs en pierres dorées des villages, les murs en pierre (chirats) et les abris (cabornes).
Les cabornes
Les cabornes sont des cabanes construites en pierres sèches (c’est-à-dire sans charpente ni mortier) qui servaient d’abri aux vignerons et de rangement pour les outils. Certaines pouvaient être utilisées comme lieu d’habitation.
D’après le Dictionnaire étymologique du patois lyonnais de Nizier de Puitspelu (1890), une caborne désigne un « petit réduit, une hutte, dans laquelle les journaliers se mettent à l’abri » et, « par extension, se dit avec un sens péjoratif de toute habitation misérable »[1]. Cette définition a été reprise par Marcel Lachiver dans son Dictionnaire du monde rural (1997) : « Dans le Lyonnais, hutte, cabane, petite maison dans laquelle les journaliers se mettent à l’abri. »[2]
Les cabornes ponctuent le paysage des Monts d’Or. Elles sont plus ou moins repérables. Certaines sont bien cachées, littéralement logées dans les murs d’enclos ou de soutènement, et on ne les distingue que par leur entrée. D’autres constructions sont indépendantes et donc plus facilement détectables.
Comme l’indique le site Internet de Saint Cyr au Mont d’Or, il existait entre 1000 et 2000 cabornes dans les Monts d’Or au XIXe siècle, réparties sur 7 à 8000 hectares. Au XXe siècle, un recensement faisait état de 545 cabornes. De nos jours, on en dénombre encore quelques centaines, plus ou moins bien conservées.[3]
De loin comme de près (et même de dedans !), aucune caborne ne se ressemble. Elles se caractérisent et se distinguent les unes des autres par leur voûte (en encorbellement ou à claveaux), leur entrée et leur plan intérieur (carré, circulaire, rectangulaire, etc.). L’entrée détermine l’orientation de la caborne. Les cabornes s’ouvrent la plupart du temps vers l’est, ce qui leur offre une meilleure protection contre les éléments, ou en fonction du terrain et de l’environnement de l’abri. D’autres entrées ont des formes plus singulières, ce qui leur donne un certain caractère, mais ne permet pas de les utiliser comme habitation.[4]
Une entrée rectangulaire peut recevoir une porte, ce qui rend la caborne plus hospitalière en conservant un peu de chaleur à l’intérieur.
Bon nombre de ces cabornes ont été restaurées par des associations de bénévoles, afin de conserver ce patrimoine. Il est important de ne pas prélever de pierres et de ne pas faire de barbecue sauvage, car cela fragilise les édifices déjà bien abîmés par le temps et les éléments.
Idées de randonnées
Voici quelques exemples de circuits qui vous donneront un bon aperçu des cabornes et vous permettront de profiter de beaux points de vue. Certaines portions sont toutefois assez exposées et le soleil peut cogner en été ! Au pire, vous aurez l’occasion d’expérimenter la fraîcheur des cabornes en vous mettant dans la peau d’un vigneron l’espace d’un instant.
St Didier/St Cyr
Départ de St Fortunat via le Mont Thou, ou depuis le Mont Cindre, par exemple.
https://www.visorando.com/randonnee-cabornes-et-sentiers-a-saint-cyr-au-mont/
https://www.visorando.com/randonnee-boucle-des-monts-d-or/
https://www.visorando.com/randonnee-mont-thou-et-cabornes/
Ce circuit comporte un bel exemple de cabornes intégrées dans les murs en pierres sèches. Un espace pédagogique explique les différentes méthodes de construction, avec une mise en pratique pour les petits… et les grands enfants !
Poleymieux : le sentier des cabornes et la Croix Rampau
Emprunter le circuit « Poleymieux » de la carte du Grand Lyon, au départ du musée Ampère. Cet itinéraire vous fait traverser le village doré de Poleymieux avant d’emprunter le sentier des cabornes, tout au long duquel vous aurez le loisir d’admirer des édifices variés. Le circuit offre de magnifiques points de vue jusqu’au panorama de la Croix Rampau et son départ de parapente à 464 mètres (plutôt bas et donc assez impressionnant). Le belvédère donne sur les Alpes, la Dombes, la vallée de la Saône, le Beaujolais et la Bresse.
Possibilité de prolonger la marche en forêt par le Mont Py avant de redescendre sur le village de Poleymieux. Vous pouvez également combiner cette randonnée avec la visite du Musée Ampère si vous êtes féru d’électricité, car il s’adresse plutôt à un public de connaisseurs (on ne met pas les doigts dans la prise !). Le bâtiment lui-même vaut le coup d’œil (il s’agit de la maison d’enfance du physicien André-Marie Ampère, qui héberge aujourd’hui le musée).
[1] Claude Perron (1986), Les cabornes du Mont d’Or lyonnais. Premiers résultats d’enquête, rapport remis au Comité du Pré-inventaire des monuments et richesses artistiques du Rhône, photocopie, 7 p. (résumé dans La lettre du CERAV, bulletin de liaison No 7, juin 1987, CERAV, Paris, pp. 12-14)
[2] Marcel Lachiver (1997), Dictionnaire du monde rural : les mots du passé, Paris : Fayard,1766 p. (p. 334)
[3] « Les cabornes », Saint Cyr au Mont d’Or, https://www.stcyraumontdor.fr/Les-cabornes?lang=fr [consulté le 20 mars 2021].
[4] Ibid.
Liens utiles
Associations et restauration des cabornes :
Cabornes et petit patrimoine du Mont d’Or
Le patrimoine pierres sèches des Monts d’Or (Syndicat Mixte des Monts d’Or)
Site du Musée Ampère :
Circuits de randonnée :
https://www.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/media/pdf/environnement/cartes/
20180319_rando_carte2_montsdor.pdf
https://www.visorando.com/randonnee-cabornes-et-sentiers-a-saint-cyr-au-mont/
https://www.visorando.com/randonnee-boucle-des-monts-d-or/
https://www.visorando.com/randonnee-mont-thou-et-cabornes/
Bibliographie
BEUCHER, Benoit (2018). « Chants funéraires mossi : édifier les vivants, sécuriser le changement ». Acta fabula, vol. 19, n° 5 [mis en ligne le 27 mai 2018]
http://www.fabula.org/revue/document10954.php [consulté le 20 mars 2021].
GARNIER, Michel (2001). Carriers et Carrières dans le Mont d’Or lyonnais – Tome 2 : De la pierre des carrières aux ouvrages pour les hommes et pour les eaux. Association Connaissance du Mont d’Or, 294 p.
GARNIER, Michel (2012). Le toponyme Mont d’Or et son massif le Mont d’Or Lyonnais. Limonest : Syndicat Mixte des Monts d’Or, 295 p.
LACHIVER, Marcel (1997). Dictionnaire du monde rural : les mots du passé. Paris : Fayard, 1766 p. (p. 334)
PERRON, Claude (1986). Les cabornes du Mont d’Or lyonnais. Premiers résultats d’enquête, rapport remis au Comité du Pré-inventaire des monuments et richesses artistiques du Rhône, photocopie, 7 p. (résumé dans La lettre du CERAV, bulletin de liaison N° 7, juin 1987, CERAV, Paris, pp. 12-14)
« Caborne ». Wikipédia [modifié le 9 décembre 2020] https://fr.wikipedia.org/wiki/Caborne [consulté le 20 mars 2021].
« Les cabornes ». Saint Cyr au Mont d’Or https://www.stcyraumontdor.fr/Les-cabornes?lang=fr [consulté le 20 mars 2021].
« Je vais passer un petit coup d’Antidote. »
J’ai entendu prononcer ce mantra pour la première fois par l’une de mes camarades de promotion lors de ma formation en traduction à Rennes 2, en cours de traduction spécialisée. Un petit coup d’antidote ? Faisait-elle référence à un breuvage magique ? À un secret de fabrique ? Les autres personnes présentes acquiesçaient la décision en silence. Constatant que cette solution mystérieuse faisait l’unanimité dans le conseil des sages, cela a éveillé ma curiosité et je me suis renseignée auprès de ma camarade, qui a fait toute la lumière sur cette affaire.
Voici une présentation courte d’un outil aux possibilités infinies, un indispensable de la boîte à outils du linguiste.
Antidote est un correcteur linguistique et un dictionnaire pour le français et l’anglais. Il décortique vos textes, propose des corrections et offre des explications (c’est là tout l’intérêt de la chose), avant de procéder aux modifications souhaitées.
Ce petit logiciel très pratique analyse le langage (orthographe, grammaire, syntaxe), la typographie (ponctuation, formatage, avec le gras et l’italique) et le style (lisibilité, analyse statistique des répétitions, de la longueur des phrases ; préférences de genre…) grâce à des filtres intelligents paramétrables.
C’est un outil intuitif très complet, qui mérite vraiment l’investissement. Je ne saurais que trop le recommander à toute personne qui travaille avec du contenu linguistique en milieu professionnel et universitaire (entre autres).
Il s’agit également d’un dictionnaire ! Vous pouvez consulter des définitions (incluant l’origine des mots et leur évolution), les synonymes, les expressions (et leurs cooccurrences, soit leurs équivalents en anglais)…
Vous pouvez paramétrer vos choix de révision, en français et en anglais, le cas échéant.
Ce que j’apprécie tout particulièrement dans ce correcteur, c’est le fait de pouvoir automatiser une correction (l’appliquer à tout le document) ou au cas par cas via le bouton Corriger ou Ignorer. Les corrections sont apportées à votre contenu au sein de l’interface d’Antidote, puis reportées automatiquement sur le document original. L’analyse et les corrections se font en un clin d’œil.
Pour analyser un texte que vous avez rédigé, il suffit de cliquer dans la page active ou de sélectionner le texte à corriger et de cliquer sur le tick vert de la petite barre flottante. Abracadabra ! Antidote s’ouvre, importe le texte dans l’interface, passe les filtres de correction et affiche le résultat automatiquement. Un code couleur indique les suggestions d’amélioration. Les fautes sont soulignées en rouge.
Antidote regroupe également plusieurs guides (orthographe, lexique, grammaire, syntaxe, ponctuation, style, rédaction, typographie, phonétique, historique, points de langue). Vous y trouverez un explicatif détaillé des règles et du bon usage pour chaque catégorie. C’est une véritable mine d’informations. Pour accéder à une fonctionnalité ou un guide en particulier, cliquez respectivement sur le livre vert ou le livre orange et choisissez un item dans le menu qui s’affiche.
Antidote est compatible avec de nombreux logiciels et il existe également une extension qui vous permet d’utiliser le correcteur au sein de votre navigateur web.
Petite fonctionnalité utile : Antidote peut vérifier un e-mail que vous êtes sur le point d’envoyer, et il détecte également l’oubli de PJ.
Vous pouvez l’installer sur trois appareils. Prix de la licence :
Anglais ou français : 119 €
Bilingue : 159 €
https://boutique.mysoft.com/catalogsearch/result/?q=antidote
https://www.druide.com/fr/nouvelles/antidote-10-un-nouveau-complice
Le grand jour est arrivé. Vous avez décidé de devenir traducteur indépendant ! Excellent choix. Avant de vous lancer dans cette nouvelle vie en autonomie, il faut quand même passer par la case formalités (pouin pouin pouin).
Certes, ce n’est pas le sujet le plus palpitant qui soit pour un article de blog. Mais lorsque je me suis lancée en 2018, c’est sûr que j’aurais bien aimé trouver une page qui aurait centralisé toutes les démarches à effectuer, ce qui m’aurait évité quelques surprises. Rien de bien méchant, mais après trois ans d’activité, je fais encore des découvertes concernant mes obligations. Ô joie. J’ai donc décidé de créer un article dédié aux jeunes traducteurs qui veulent se lancer en auto-entrepreneur. Accrochez-vous, c’est un peu long et fastidieux, mais c’est pour la bonne cause !
Ce premier volet est un concentré des démarches officielles à effectuer. Je pense avoir inclus les principaux liens (listés en bas de page), en espérant que cet article vous sera utile. N’hésitez pas à me faire un retour ou à me faire part de votre expérience pour étoffer ce contenu ! Un deuxième volet à paraître vous donnera des conseils plus informels pour vous aider à démarrer du bon pied. Que votre nouvelle entreprise soit couronnée de réussite !
1) Créer son entreprise
Le gros avantage du statut auto-entrepreneur, c’est sa flexibilité. C’est très simple de créer son activité de traducteur avec ce statut. Il vous suffit de vous enregistrer en ligne via le site https://www.autoentrepreneur.urssaf.fr/portail/accueil.html.
Ceci vous permettra de vous inscrire au Répertoire des Entreprises et des Établissements et à l’URSAFF de votre département. L’inscription se fait en un clin d’œil et est généralement validée en quelques jours ! Vous obtiendrez par la poste le certificat de votre inscription au Répertoire des Entreprises et des Établissements, qui comporte votre numéro SIRET, SIREN et INSEE. Vous devez obligatoirement posséder ces numéros pour être en mesure d’exercer en France.
Code APE (Activité Principale Exercée) : 7430Z – Traduction et interprétation
Et voilà, vous êtes officiellement auto-entrepreneur !
2) Régime fiscal et régime social
Si vous constatez que vous êtes affilié au statut des commerçants et non au statut libéral, pas de panique, c’est normal ! Depuis 2018, les traducteurs auto-entrepreneurs exercent une profession libérale non-réglementée. Vous serez donc rattachés au régime social des commerçants (article L.640-1 du code de la Sécurité sociale).
Vous déclarez des bénéfices non-commerciaux (BNC).
Depuis le 1er janvier 2020, vous dépendez du régime général de la sécurité sociale. Il vous faudra cependant trouver une mutuelle complémentaire.
Bonne nouvelle : grâce à une mesure votée en décembre 2020 en lien avec l’union nationale des professions libérales, de la prévoyance va être introduite dans le budget de la Sécurité sociale. En cas d’arrêt maladie, vous pourrez ainsi bénéficier d’IJ (indemnités journalières), et ce dès le mois de juillet. Plus besoin de souscrire une prévoyance auprès de votre mutuelle ! Voir https://www.previssima.fr/actualite/ij-des-liberaux-les-details-de-la-reforme-se-devoilent.html
3) ACRE (Aide à la création ou à la reprise d’une entreprise),
aides financières et allocations
Selon votre situation, vous aurez peut-être le droit de bénéficier de l’ACRE. Ce dispositif peut être intéressant pour vous aider à vous lancer, car il permet d’être exonéré d’une partie des charges sociales (« exonération de début d’activité ») et de bénéficier d’un accompagnement pendant les premières années d’activité. Pour plus d’informations sur les conditions nécessaires, consultez le lien suivant :
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F11677
D’autres aides sont également disponibles, comme la NACRE et le CAPE, en fonction de votre situation personnelle. Je vous encourage également à vous renseigner sur le RSA et la prime d’activité (allocations que vous pouvez cumuler avec vos revenus professionnels, s’ils sont modestes). L’ACRE, le RSA et la prime d’activité sont non-imposables et vous n’avez pas à les renseigner dans votre déclaration d’impôts.
4) Obligations : livre de recettes, compte bancaire, facturation
En tant qu’auto-entrepreneur, pas besoin de faire appel à un expert-comptable ni de fournir un bilan de fin d’année. En revanche, vous avez obligation de tenir un livre de recettes. Dans ce document (en version papier ou numérique), vous devez consigner toutes vos factures en incluant la date de paiement, la référence des factures, le nom des clients, la nature de la prestation, les sommes versées et le mode de règlement (chèque, espèces, virement…). Veuillez à consigner vos recettes de manière chronologique et sans ratures (document non modifiable). Exemple de livre de recettes :
Autres modèles :
https://www.compta-facile.com/wp-content/uploads/2016/09/livre-des-recettes-auto-entreprise-micro-entreprise-excel.pdf
https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F23266
Il est obligatoire d’avoir un compte bancaire dédié à votre activité (pas nécessairement professionnel, donc un simple compte courant suffit, tant qu’il est séparé de vos comptes personnels). Ce compte n’est pas obligatoire si votre CA annuel est inférieur à 10 000 € pendant deux ans consécutifs. Personnellement, j’utilise Hello bank !, banque qui correspond tout à fait à mes besoins professionnels, avec des frais quasi inexistants (non, je ne touche pas de commission).
Un certain nombre de mentions doivent figurer sur vos devis et factures, sous peine d’amende (applicable à chaque facture, donc ça peut vite chiffrer !) :
* Vos coordonnées
* Votre numéro SIREN
* Le nom du client ou de la société et son adresse professionnelle
* La date d’émission
* Un numéro attribué par ordre chronologique
* Le descriptif des prestations exécutées (incluant la quantité et le prix unitaire)
* Une date de livraison ou d’exécution
* La somme totale facturée
Exemple de facture : (contactez-moi si vous souhaitez obtenir le modèle)
Si vous êtes en franchise de TVA, vous devez inclure la mention « TVA non applicable en vertu de l’Article 293 B du CGI ».
Vous devez également faire figurer la mention « Payé le XXX » et indiquer le mode de paiement utilisé sur les factures réglées.
Il peut être utile d’avoir un modèle de facture que vous déclinez soit sous Word avec des macros, soit sous Excel pour automatiser les calculs et ainsi éviter les erreurs !
Pour une meilleure organisation, je vous conseille de classer vos factures par année et de faire votre comptabilité régulièrement pour mieux suivre votre CA et être plus serein en cas de contrôle.
5) CA et plafonds
Le seuil de chiffre d’affaires à ne pas dépasser pour pouvoir continuer à bénéficier du statut auto-entrepreneur est de 72 600 € (H.T.) en 2021.
Si vous démarrez votre activité en cours d’année, le montant du seuil dépend de la date à laquelle vous avez démarré votre activité. Je vous fais grâce des détails, mais si c’est votre cas, consultez le lien suivant pour en savoir plus :
https://www.impots.gouv.fr/portail/professionnel/le-regime-unique-des-micro-entreprises
Ces plafonds sont susceptibles d’évoluer. Je tâcherai de les mettre à jour sur cette page, mais je vous encourage à les consulter directement sur le site des impôts.
6) Charges, fiscalité (impôts, URSAFF)
En tant qu’auto-entrepreneur, vous devez payer des charges à hauteur de 22,2 % de votre CA (dont 0,2 % sont versés à la CFP, contribution à la formation professionnelle).
Par conséquent, la bonne nouvelle, c’est que si votre CA est nul, vos charges seront également nulles ! Mais cela ne vous dispense pas de le déclarer (dans ce cas, indiquez 0 pour le ou les mois concernés).
Les déclarations se font en ligne sur votre espace dédié : https://www.autoentrepreneur.urssaf.fr/portail/accueil.html
Lorsque vous avez créé votre entreprise, il faut attendre un délai de 90 jours avant de pouvoir commencer à déclarer votre CA. Vous déclarerez donc les trois premiers mois obligatoirement au bout de cette période en cliquant sur les trois déclarations dédiées de votre espace sur le site des URSAFF. Vous ne pourrez pas vous tromper, le site est très bien fait et rappelle toutes les échéances et autres dates butoir.
Aux charges s’ajoutent l’impôt sur le revenu (barème progressif appliqué à votre CA post abattement 34 %. On a le droit à un abattement, car on ne peut pas déduire les charges du CA et amortir les frais professionnels). Les dates limites de déclaration sont fixées en fonction de votre département et du type de déclaration (en ligne ou papier), entre le 26 mai et le 8 juin pour 2021.
https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A14818
Choisissez de quelle manière vous souhaitez payer vos charges, mensuellement ou tous les trimestres. Je vous conseille personnellement de choisir le paiement mensuel, ce qui fait des échéances moins lourdes et qui s’oublient moins facilement. Pensez bien à consulter la date du dernier jour de déclaration de vos revenus pour ne pas vous voir infliger une pénalité de retard (même si en général, les URSAFF n’envoient que des avertissements en cas d’oubli).
Je vous conseille également de ne PAS opter pour le versement libératoire. Ce système vous fait payer un forfait d’impôts tous les mois en plus de vos charges et conduit parfois à des erreurs de prélèvements trop importants par rapport à vos revenus effectifs, et donc à devoir demander des rectifications… Sans le versement libératoire, vous paierez vos impôts à échéance.
N.B. Vous n’avez plus besoin de remplir la déclaration complémentaire de revenus (formulaire n°2042-C Pro), les revenus non salariés étant désormais intégrés à la déclaration en ligne (anciennement à joindre avec la déclaration papier).
Attention également à ne pas dépasser le plafond de 72 600 € de CA, sinon vous sortez du régime de micro-entreprise et vous passez automatiquement au statut libéral.
7) Utilisation de services de paiement en ligne et fiscalité (type Paypal et Payoneer)
Si vous utilisez un service de paiement en ligne du type Paypal ou Payoneer comme mode de règlement, les frais qui s’appliquent aux transactions ne doivent pas être déduits du montant que vous percevez ; ils sont à votre charge. Vous êtes donc tenu de déclarer la somme que vous percevez AVANT application de ces frais.
8) TVA
Si vous réalisez un chiffre d’affaires inférieur à 34 400 € en 2021, vous êtes exonéré de la déclaration et du paiement de la TVA. Pour pouvoir bénéficier de ce dispositif de franchise, vous devez indiquer la mention « TVA non applicable, art. 293 B du CGI » sur vos devis et factures.
Si vous dépassez le seuil de 34 400 € de CA annuel, la franchise reste applicable pour l’année en cours et pour l’année suivante tant que le montant de votre CA n’excède pas 36 500 €. Si ce nouveau seuil est franchi en cours d’année, la TVA s’appliquera alors aux prestations effectuées à compter du premier jour du mois au cours duquel ces chiffres seront dépassés.
IMPORTANT ! LORSQUE VOTRE CLIENT EST À L’ÉTRANGER
Dans l’UE
Légalement, le lieu des services entre assujettis (c’est-à-dire entre particuliers et entreprises redevables de la TVA) est situé au lieu d’établissement de l’acheteur, quel que soit le lieu d’établissement du prestataire.
Si votre client est établi dans un État membre de la communauté européenne différent, vous devez :
Votre client est redevable de la TVA s’appliquant à votre prestation de services au taux en vigueur dans son pays (= autoliquidation de la TVA auprès de l’administration fiscale), sauf s’il n’est pas assujetti à la TVA dans son pays.
Attention : Vous devez posséder un numéro de TVA intra-communautaire auprès de votre service des impôts des entreprises (SIE) avant de pouvoir remplir une DES.
Hors UE
Lorsque votre client n’est pas basé dans un pays membre de l’UE, vous devez vous renseigner sur la législation en vigueur dans le pays concerné afin de connaître vos responsabilités quant à une éventuelle taxe sur la valeur ajoutée. Vous trouverez en général ces informations sur Internet. Bon à savoir, les grands cabinets comptables publient chaque année un guide détaillant les taxes en vigueur dans la plupart des pays du monde, comme le Worldwide VAT, GST and Sales Tax Guide de Ernst & Young (accès gratuit).
Même si vous ne collectez pas de TVA, votre client sera sans doute tenu de déclarer cet achat de service et de payer une forme locale de TVA. Invitez-le à s’informer de ses responsabilités auprès de son administration fiscale (par exemple, en l’indiquant sur votre facture)
Pour plus de détails, consulter les liens suivants :
https://www.trematranslations.com/2012/11/07/la-t-v-a-du-traducteur/
https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F21746
https://www.douane.gouv.fr/service-en-ligne/ouverture?code_teleservice=DES&sid=&app=68
9) La cotisation foncière des entreprises (CFE)
La CFE est une taxe annuelle sur les locaux des entreprises.
En tant que traducteur, vous devez la payer même si vous travaillez chez vous.
Comme pour les taxes foncières et d’habitation, la CFE dépend de la ville où vous exercez (chaque municipalité a son taux d’imposition), de la valeur locative du bien et de la superficie utilisée pour votre activité. Si la valeur du bien est peu élevée, la base minimum est fixée sur votre chiffre d’affaires.
Important ! Vous ne payez pas de CFE la première année de votre activité (peu importe la date de création au cours de l’année). Attention toutefois, cette exonération n’est pas automatique. Pour en bénéficier, il faut remplir une déclaration initiale et l’envoyer à votre SIE avant le 31 décembre de l’année concernée.
L’année qui suit la création de votre auto-entreprise, la base d’imposition est réduite de 50 % (sauf si déjà en base minimum).
Conseil : n’oubliez pas de créer votre espace professionnel sur le site des impôts pour consulter l’avis de CFE.
10) Transfert d’entreprise (déménagement)
Si vous déménagez, c’est comme si vous changiez d’activité, car votre activité dépend de votre adresse postale. Il faut donc déclarer votre changement d’adresse, ce qui se fait directement via votre espace en ligne. Vous recevrez ensuite un nouveau certificat confirmant le transfert d’activité et vous serez invité à créer un nouvel espace en ligne.
Important ! En cas de transfert d’activité, veillez à télécharger tous vos justificatifs depuis votre espace en ligne, notamment vos déclarations de chiffre d’affaires, car votre ancien espace en ligne sera supprimé de façon permanente une fois le transfert effectué, sans possibilité de récupérer quoi que ce soit. La bascule prend quelques semaines/mois, mais il vaut mieux être prévenu !
Vous avez mal au crâne ? C’est normal, prenez donc un petit Doliprane 🙂
J’ai essayé de centraliser les différentes démarches sans trop m’étaler pour ne pas vous perdre (du moins, complètement !). Bien entendu, cette page n’est pas exhaustive et ne saurait se substituer à la documentation officielle, que je vous invite à consulter régulièrement pour vous tenir informé.
L’erreur étant humaine, j’invite d’ailleurs les personnes compétentes à se signaler si d’aventure une ineptie s’était glissée dans ce contenu.
N’hésitez pas à contacter les organismes officiels (URSSAF, SIE, service des douanes, etc.). En général, il y a toujours une tolérance et il ne vous sera jamais reproché de faire part de vos interrogations, de signaler une erreur ou un oubli. Au pire du pire, on pourra vous infliger une pénalité de retard (que vous pouvez même demander de lever la première fois), mais en général ces organismes se montrent plutôt compréhensifs si vous êtes de bonne foi.
Si vous avez des questions ou des interrogations, n’hésitez pas à me contacter et j’essaierai de vous orienter au mieux. Même si aucune situation ne se ressemble, c’est toujours utile d’échanger avec quelqu’un qui est passé par là. Je vous invite à revenir consulter le deuxième volet consacré aux démarches plus informelles, ou comment partir du bon pied quand vous démarrez votre activité !
Liens utiles
Régime, comptabilité, livre de recettes, CA, démarches
https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F23266
https://www.portail-autoentrepreneur.fr/academie/statut-auto-entrepreneur/plafond-chiffre-daffaires
https://www.impots.gouv.fr/portail/professionnel/le-regime-unique-des-micro-entreprises
https://www.economie.gouv.fr/entreprises/micro-entreprise-auto-entreprise-charges-sociales
https://www.trematranslations.com/traducteurenmicroentreprise/
Portail autoentrepreneur, URSSAF
https://www.autoentrepreneur.urssaf.fr/
https://www.urssaf.fr/
Prévoyance
https://www.previssima.fr/actualite/ij-des-liberaux-les-details-de-la-reforme-se-devoilent.html
ACRE
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F11677
TVA
https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F21746
https://www.trematranslations.com/2012/11/07/la-t-v-a-du-traducteur/
https://www.ey.com/en_gl/tax-guides
DES
https://www.douane.gouv.fr/service-en-ligne/ouverture?code_teleservice=DES&sid=&app=68
CFE
https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F23547
https://www.impots.gouv.fr/portail/formulaire/1447-c-sd/declaration-initiale-de-cotisation-fonciere-des-entreprises
Cela fait désormais plus d’un an que bon nombre de personnes ont pris l’habitude de faire du télétravail, avec tout ce que cela implique de positif (le confort d’être chez soi, une tenue vestimentaire plus relâchée, le gain de temps passé en déplacement) et de négatif (l’absence de cadre, pas de séparation vie privée/vie professionnelle, distractions de tout ordre, isolement, configuration de travail pas optimale). Or être traducteur indépendant, c’est un peu comme si on était en télétravail tout le temps, voire en confinement lorsque l’on ne sait pas s’arrêter.
En télétravail comme en présentiel, le mal de dos est l’un des problèmes récurrents du travail à l’ordinateur et/ou dans une même position. Ayant eu un accident de voiture pendant ma reconversion (qui a provoqué un coup du lapin et une fracture de la L1, et a nécessité le port d’un corset et une rééducation), j’ai souffert de maux de dos importants pendant des années et j’ai toujours des séquelles qui nécessitent de faire des exercices de kiné régulièrement, dont des étirements. Ce qui est bénéfique en soi, accident ou pas ! Plus spécifiquement, j’ai cherché des informations sur l’optimisation de ma configuration de travail et de ma posture physique et mentale en collaboration avec les soignants qui se sont occupés de moi pendant mes deux stages en entreprise, et quand je me suis mise à travailler à temps plein en tant que traductrice. Voici donc quelques conseils santé et développement en télétravail, ou comment bien s’organiser pour travailler en restant efficace tout en préservant son dos, sa tête… et son bien-être.
La plupart des conseils médicaux qui suivent m’ont été donnés par des professionnels de la santé, que je remercie vivement pour leur accompagnement. Les autres conseils sont tirés de ma propre pratique et ne seront peut-être pas forcément adaptés à chacun. Il s’agit de vous communiquer ce qui a été bénéfique pour moi, si jamais cela peut également vous aider à vous interroger sur vos habitudes et/ou à mieux vivre le travail à l’ordinateur et le télétravail quand vous êtes livrés à vous-même, et vous donner des pistes pour créer votre propre cadre. N’hésitez pas également à me faire part de vos propres pratiques et de vos idées !
Configuration de travail : poste de travail, posture, espace et ergonomie
> Un écran à la (bonne) hauteur
Idéalement, votre écran est à la bonne hauteur lorsque vos yeux arrivent au niveau de la partie supérieure de l’écran (regard à l’horizontal, tête droite). Cela engendre moins de tension sur le plan visuel et au niveau des muscles du cou et du dos. Pensez-y lorsque vous achetez votre bureau ou un meuble d’ordinateur. Vous pouvez également revoir votre configuration existante et/ou y ajouter un support réglable pour surélever l’écran d’ordinateur. Certains travaillent même debout.
> La souris et le clavier
L’utilisation intensive du clavier à l’ordinateur peut provoquer des tendinites. Plusieurs solutions s’offrent à vous, si vous vous trouvez dans cette situation. Personnellement, je n’ai pas testé les souris et les claviers ergonomiques. Une chose est sure : évitez d’avoir les bras tendus dans l’air, cela tire sur les muscles du cou. Rapprochez-vous de votre poste de travail de façon à ce que vos avant-bras reposent sur le bureau. Concernant le clavier, j’aimerais tester le clavier BEPO dont un professeur de Rennes 2 vantait les louanges. C’est un clavier qui est censé être plus adapté au français que la configuration AZERTY. L’agencement des touches a été revu en fonction des lettres et des caractères que nous utilisons le plus souvent en français. Ainsi, vous n’avez pas besoin de faire des combinaisons de touche pour insérer des accents, par exemple. Cette disposition vise à diminuer les mouvements des mains et donc de réduire les tensions après une journée de frappe au clavier.
Enfin, pour ceux qui aiment ça, pourquoi ne pas utiliser un dictaphone ou autre logiciel de reconnaissance vocale ? J’ai essayé celui de Google Drive, que j’ai trouvé pas trop mal étant donné qu’il est gratuit. En revanche, mieux vaut l’éviter si vous travaillez sur des contenus soumis à une clause de confidentialité (tout ce que vous mettez sur Google Drive appartient à Google). Autre conseil du kiné : surélevez le poignet qui manipule la souris pour le reposer davantage. Une trousse bien remplie peut faire office de support, ou tout autre objet de la même taille.
> Plutôt chaise de bureau ou ballon ?
Concernant le siège, différentes options s’offrent également à vous. Chaises de bureau, chaises ergonomiques, ballons… Pour ma part, une bonne vieille chaise au dossier droit est ce qui me convient le mieux. Conseil du kiné : alternez entre une chaise normale/de bureau et le ballon, qui va vous permettre de tonifier tout ça. Le mieux étant d’adopter une position dynamique en s’asseyant au bord de la chaise, les pieds bien en contact avec le sol, et de ne pas rester statique pendant des heures.
> Bouger !
En effet, la règle d’or pour réduire les maux de dos quand on est en position « statique », c’est le mouvement. Des études montrent que le fait de se tenir avachi est aussi néfaste que le fait de se tenir bien droit sans bouger pendant des heures. Les personnes qui changent de position et font des mouvements tout en restant à leur poste de travail ont souvent beaucoup moins mal aux dos en fin de journée. Bien sûr, il y a quand même des postures à éviter, comme le fait d’être affalé sur son canapé, et il est préférable d’avoir une posture un minimum tonique, les pieds en contact avec le sol, les fesses au bord du siège, etc. Mais n’hésitez pas à vous étirer régulièrement, faire des cercles avec la tête, rouler les mécaniques avec les épaules, creuser le dos puis bomber le torse plusieurs fois de suite, vous lever et faire quelques pas, aller à la fenêtre (micro-pauses), etc. Avec le temps, vous ressentirez moins de tensions dans votre corps.
La fatigue visuelle et les maux de tête
> Exit la lumière bleue
C’est un fait désormais bien connu, la lumière bleue des écrans peut provoquer des maux de tête et endommager la vue à long terme, avec une perte de la vision centrale (DMLA). Il est donc recommandé de régler la colorimétrie de vos écrans en fonction de la luminosité ambiante et de l’heure de la journée et d’opter pour des tons orangés/rosés par faible luminosité. Ceci pour éviter une trop grande stimulation et favoriser l’endormissement le soir.
Il existe pléthore d’applications qui permettent de filtrer la lumière bleue : F.lux, Twilight, Dimly, Darker, le mode « Night Shift » sur iPhone… Le changement a été radical pour moi, aussi bien en phase de travail qu’en phase de détente.
https://oeil-bleu.com/blogs/lumiere-bleue/applications-pour-reduire-la-lumiere-bleue
> On bouge ses yeux !
Le fait de travailler à l’ordinateur ne fait pas baisser votre vue en soi. En revanche, cela fatigue vos yeux, car vous fixez en permanence un point qui se trouve à la même distance (l’écran). Vos yeux, qui sont rivés sur votre écran pendant des heures, effectuent moins leur travail d’accommodation visuelle dans une journée. On en revient à la problématique du mouvement. Pour pallier le problème, il suffit de porter régulièrement votre regard sur les objets qui vous entourent à différentes distances et d’en fixer un détail pendant quelques secondes jusqu’à ce que celui-ci soit net : une lettre du titre d’un livre qui se trouve sur votre bureau, les feuilles d’une plante posée sur une étagère pas loin de vous, le motif d’un rideau de fenêtre, la rambarde du balcon, une pomme de pin sur un arbre au loin. Répétez cet exercice dans le sens inverse, en essayant de ressentir que vos yeux font ce travail d’accommodation visuelle. Renouvelez cet exercice plusieurs fois par jour, idéalement toutes les heures. Cela prend moins de vingt secondes à chaque fois !
> Voir la vie en vert
On a tous ressenti le besoin impérieux de s’interrompre au milieu d’un travail cérébral très prenant pour aller faire une petite balade et se vider la tête. Au début, on a le cerveau brumeux, puis l’horizon s’éclaircit au fur et à mesure que l’on bouge son corps et que le cerveau déconnecte. De retour au travail, force est de constater que cette petite parenthèse nous a fait le plus grand bien, et nous nous remettons au travail à tête plus reposée. Outre l’exercice physique, le fait d’être entouré de verdure fait déjà des miracles au bout d’une petite dizaine de minutes. Même le simple fait de poser les yeux sur de la couleur verte est bénéfique. Si vous ne pouvez pas sortir, mais que vous avez une fenêtre qui donne sur des arbres, jetez-y un coup d’œil régulièrement, ou regardez-les plus longuement à l’occasion de micro-pauses. Si la végétation manque autour de chez vous, pourquoi ne pas acheter quelques plantes d’intérieur (faciles à entretenir, si vous n’avez pas la main verte) ? D’autant qu’avoir du vivant chez soi, c’est très feng-shui, enfin c’est bon pour le moral, quoi. Vous pouvez également adapter votre décoration intérieure, de façon à ce qu’elle intègre plus de vert (un mur peint, des rideaux verts, etc.). L’explication derrière tout cela ? Le vert offre de l’apaisement, car on l’associe à la nature, qui procure calme et détente, tout bêtement. Au centre des équilibres chromatiques, il offre ainsi une ambiance chromatique propice à la lecture et à la concentration, tout en incitant à l’action. Le rouge, lui, ouvre l’appétit. Ce qui n’est pas forcément une bonne idée pour un bureau en période de confinement 🙂 À réserver à votre cuisine ou votre salle à manger, donc !
À ce sujet, je vous invite à découvrir le livre de Jean-Gabriel Causse sur le pouvoir des couleurs : https://www.jg-causse.com/l-étonnant-pouvoir-des-couleurs.html
Espace physique et espace mental : un équilibre à trouver
> Un espace dédié
C’est important d’avoir un espace dédié au travail, même si on travaille depuis chez soi, et même en période de pandémie. Le tout étant d’adapter la configuration que l’on a à sa disposition (isoler son bureau du reste de la chambre par un paravent, s’enfermer à double tour, mettre des panneaux « ne pas déranger », enfin bref, se créer son cocon physique et mental). Dixit la fille qui n’a jamais vraiment travaillé à son bureau, mais sur son lit, dans son salon, dans le train… L’important étant de créer sa « bulle » mentale et de ranger l’espace qu’on a occupé physiquement et donc mentalement à la fin de sa journée de travail pour bien séparer sa vie professionnelle et sa vie personnelle. En effet, des études montrent que le rangement est un véritable signal cognitif pour le cerveau, qui l’aide à déconnecter et à faire la part des choses entre le privé et le professionnel au sein d’un même espace géographique.
Espace temporel et espace mental : (se) fixer des limites
> Horaires de travail
Le danger du travail en tant qu’indépendant, c’est justement de créer la dépendance aux écrans et de ne plus savoir déconnecter. On se jette souvent sur son téléphone quand on reçoit une notification, par peur de voir passer un projet sous son nez ou de perdre un client, même tard le soir. Certaines agences sont très exigeantes sur la réactivité des freelance (ce qui est malheureusement la tendance, dans un monde allant trop… de plus en plus vite), et il faut savoir gérer cette demande, dans une certaine limite. Si vous traitez un projet que vous devez livrer dans l’heure et qu’on vous envoie une demande de devis pour un projet lui-même urgent, accusez réception de cette nouvelle demande et indiquez au client que vous le recontacterez au plus vite. De cette manière, le client a une réponse et sait que vous vous occupez de lui, et vous préservez la gestion de votre organisation en finalisant votre projet avant d’étudier le nouveau projet. Je détaillerai des bonnes pratiques similaires dans un autre article. Apprenez à ne pas répondre à n’importe quelle heure de la journée (c’est plus facile à dire qu’à faire, j’en conviens, surtout quand on lance son activité). Si vous faites du bon travail et que vous le montrez, vos clients ne vous laisseront pas tomber pour ça. Ou alors, il faut vous interroger sérieusement sur le type de clients avec lequel vous souhaitez travailler et à quelles conditions. Le droit à la déconnexion n’a pas été instauré pour rien ! Il faut parfois éduquer certains clients. Cela dit, vous devez communiquer à l’avance sur vos disponibilités de manière polie, mais ferme, pour ne pas perdre en crédibilité. Définissez vos horaires de travail en fonction de votre vie de famille, le cas échéant, ou autres occupations et contraintes quotidiennes. Encore une fois, ça ne se met pas en place facilement, j’en conviens. Moi-même, il m’arrive encore de travailler tard le soir. Tant que cela reste exceptionnel et vivable. Si un client vous harcèle tard le soir, vous pouvez par exemple indiquer vos horaires de travail dans la signature automatique de votre mail (n’oubliez pas d’indiquer le fuseau horaire, si vous travaillez pour des clients à l’étranger) ou encore paramétrer une réponse automatique en dehors de vos horaires de travail. De cette façon, vous indiquez de façon objective à votre client que vous n’êtes pas joignable à toute heure, et cela vous empêchera de succomber à la tentation de répondre à un mail à 23h. Conseil pour bien dormir la nuit : arrêtez de travailler deux heures avant d’aller vous coucher, dressez/consultez la liste de ce que vous avez à faire le lendemain, fermez votre agenda, votre ordinateur et rangez votre bureau, comme indiqué ci-dessus. Désactivez les notifications d’e-mail sur votre téléphone et détendez-vous ! Tout ceci en fonction de vos impératifs et de votre situation, si vous pouvez vous le permettre, bien entendu. Ce ne sont que des conseils bien-être 🙂
> Faire des pauses
Non, il ne s’agit pas de se laisser distraire par tout ce qui se trouve autour de vous et de s’adonner à la procrastination, mais à faire des micro-pauses qui vont être bénéfiques pour votre concentration et votre efficacité au travail. Regarder par la fenêtre, faire 2-3 minutes de méditation, vous étirer, vous lever pour faire quelques pas, vous faire un petit thé/café, ventiler la pièce… Le but étant de limiter la surcharge cognitive, notamment lors d’un travail intellectuel très prenant ou stressant. Sans culpabiliser, c’est pour votre bien et la qualité de votre travail !
> Le biorythme
J’écoutais une conférence à laquelle était invité Aurélien Barrau (si je retrouve la vidéo, je la poste !). Celui-ci parlait de notre conception faussée du travail, en ce que nous la définissons par opposition avec les vacances, et ce dès la scolarité. Pour lui, il faut mettre un terme à cette croyance qui définit le travail seulement comme une contrainte, comme le mettait déjà en avant Albert Jacquart dans l’Avenir du travail en 1999 (« Le travail, c’est la souffrance », voir https://www.youtube.com/watch?v=_tru7cOEle4). Même si ce point de vue peut paraître utopiste, la réflexion est intéressante et très saine en soi. Pourquoi ne pas travailler moins longtemps en journée, mais de manière plus étalée sur toute l’année (et d’ailleurs pourquoi ne pas changer régulièrement de travail, ce qui est curieusement considéré comme un échec social en France, mais valorisé dans bien d’autres pays) ? Ceci pour gagner en endurance et déconstruire cette croyance. Ce qui au passage, écourterait des grandes vacances interminables pour certains et atténuerait (peut-être un tant soit peu) le blues de la rentrée. Comment peut-on changer notre conception du travail pour qu’il soit désacralisé, mieux intégré dans la vie de chacun, et laisse du temps pour autre chose (créer, réfléchir, inventer, échanger) ? Idéalement, pourquoi ne pas suivre le rythme de son corps, son bio-rythme ? Ce qui n’empêche pas celui qui a besoin de ses deux jours de week-end pour se reposer et profiter de sa famille de conserver ce rythme, si cela lui va ou qu’il n’a pas le choix.
Du coup, je m’interrogeais sur mon biorythme à moi. Je sais que je travaille bien et que je suis plus créative le matin, en fin d’après-midi et en soirée. En début d’après-midi, je ne vaux rien pour tout ce qui est travail statique et cérébral, ce qui n’est pas surprenant (merci la digestion). J’ai bien souvent dû lutter pour me concentrer à ces horaires-là, en stage seule face à mon écran. Cette baisse de régime m’a été confirmée dans les faits par une agence de traduction dans laquelle j’ai fait mon stage de M1 (et que je salue au passage). Au cours d’un entretien, mes employeurs m’ont en effet communiqué une analyse de mon travail sur une base horaire. Sans surprise : passé 13h45, je montrais une baisse de « productivité », et mes traductions comportaient des erreurs d’inattention et autres fautes que je ne faisais pas (ou en moindre mesure) le matin…
Depuis que je suis traductrice indépendante et que j’ai la chance de pouvoir adapter mes horaires comme bon me semble, je teste un nouveau modèle : travailler le matin et en fin d’après-midi (si besoin, le soir pas trop tard, parce que bon). Pourquoi pas, tant que je reste joignable à ces heures et que le travail est rendu à temps en étant exécuté correctement ? Directement après le repas de midi, je vais m’aérer et j’essaie d’effectuer 1h30 de marche (avant la pandémie, j’allais à la piscine, ce qui était top pour faire le vide et dynamiser tout ça). J’allège un peu ma semaine de travail et je reporte les heures manquantes sur le samedi matin. Je consacre mon samedi après-midi et mon dimanche à d’autres activités. Résultat : je dois dire que ce modèle me va très bien et ne pénalise pas mes clients.
Bien entendu, cela est une approche très personnelle et cela ne sera peut-être pas réalisable compte tenu de la situation familiale et des contraintes personnelles de chacun. Mais ce questionnement de la conception du travail est une piste à creuser, surtout avec l’importance grandissante du télétravail, qui peut très bien devenir la normalité post-pandémie.
Espace de travail et rapport aux autres
> Comment se couper physiquement de son environnement quand on ne peut pas s’isoler (pas de pièce prévue dans laquelle s’enfermer à double tour), qu’on travaille dans le bruit et/ou entouré d’autres personnes (famille ou autre) qui ne comprennent pas qu’on a besoin de se concentrer et/ou nous sollicitent sans arrêt ? Le port d’écouteurs (ou d’un casque) est très dissuasif et forme une barrière physique qui coupe naturellement court aux prises de bec ! Certes ,travailler en musique, ce n’est pas pour tout le monde, mais cela peut vous aider à vous isoler sans vous énerver quand il n’y a pas le choix, dans des environnements bruyants, par exemple. Optez de préférence pour de la musique instrumentale, donc sans paroles, sinon bon courage pour traduire. Ce conseil vaut d’ailleurs pour le travail en présentiel en plateau (open space). Spéciale dédicace à mon collègue Matthias !
> Maintenir le lien social
Certains aiment travailler en solitaire devant leur écran. D’autres beaucoup moins. Si vous travaillez en équipe pour un client, il peut être intéressant d’avoir un chat de groupe, même professionnel. Rares sont les agences de traduction qui mettent en place ce genre de dispositif pour créer de la cohésion entre les traducteurs freelance, mais vous ne perdez rien à aborder le sujet avec votre client, en mettant en avant l’optique de travail. Si vous connaissez d’autres personnes qui sont traducteurs ou en télétravail, pourquoi ne pas vous retrouver de temps à autre pour des sessions de travail chez l’un ou l’autre (selon vos possibilités et vos contraintes), ou dans un espace de co-working pour faire de nouvelles rencontres personnelles et professionnelles, échanger sur des projets et entamer une collaboration, qui sait…
Je vous conseille également de vous inscrire sur les groupes de traducteurs via les réseaux sociaux, ainsi qu’aux newsletters/mailing listes des traducteurs de votre région, le cas échéant. Des événements type cafés/apéros traducteurs sont souvent organisés dans les grandes villes pour que les homologues d’une même région puissent se rencontrer et échanger sur leurs pratiques et leurs expériences. Pour les Bretons, le café des traducteurs du 35 est très sympa. Je n’ai pas encore eu l’occasion de tester celui du 69 cause pandémie, mais jusqu’à maintenant les rencontres avaient lieu au Kotopo, un bar associatif situé à Lyon 1er, où se déroule plein d’autres événements artistiques, culturels et pédagogiques (cours, concerts, ateliers, soirées internationales, soirées jeux). C’est un espace un peu à part, tout à fait tourné vers l’international (je vous invite à découvrir la bibliothèque, qui contient des trésors pour tous les amoureux des langues et cultures étrangères).
S’il n’existe pas vraiment de structure établie là où vous vous trouvez, essayez de trouver des traducteurs qui habitent dans votre région via d’autres moyens (via LinkedIn, l’annuaire de la SFT, la recherche Google…) et de les rencontrer en individuel. L’approche est plus personnelle, mais tout aussi gratifiante !
Voilà pour mes conseils d’organisation et de bien-être en tant que traducteur indépendant. J’espère que vous en retirerez des bénéfices, que vous soyez également traducteur ou en télétravail.
Ces dernières années, le monde de la traduction aura, pour une fois, bien occupé le devant de la scène. Citons la sortie du film de Regis Roinsard, Les Traducteurs (2018). Ou encore la polémique engendrée par le choix d’une autrice blanche, la Néerlandaise Marieke Lucas Rijneveld, pour traduire le poème d’Amanda Gorman, « The Hill We Climb », récité à l’occasion de la cérémonie d’investiture de Joe Biden, et qui n’a pas fini de faire couler de l’encre. On peut dire que la sphère de la traduction politique américaine aura d’ailleurs été particulièrement mouvementée ces derniers temps. Les traducteurs américains auront peiné à progresser sur ce qui s’est apparenté à un véritable chemin de croix avec, au premier plan, j’ai nommé Donald Trump.
Trump, ou le cauchemar des traducteurs-interprètes
Traduire Trump et mourir. Tout au long de son mandat tonitruant (dans « tonitruant », il y a… « toni »), la presse a mis en avant la souffrance des traducteurs-interprètes de l’ex-président des États-Unis, contraints de faire des miracles avec un contenu dénué de sens et reflétant une pauvreté d’esprit désolante, fortement contrasté avec le discours porteur, la pensée structurée et le langage ciselé de son prédécesseur, le président Barack Obama.
Ceci vaut à l’oral, comme à l’écrit. Mais l’exercice se complique quand il prend une forme orale, puisqu’il enlève le temps de la réflexion, étant donné qu’il se déroule en direct. On se rappellera de Mouammar Kadafi, qui avait épuisé son propre interprète au bout de 75 min de torture auditive à l’occasion d’un discours fleuve devant l’Assemblée générale des Nations unies en 2009. Les discours des chefs d’État ne doivent en principe pas excéder 15 minutes. Le traducteur du dirigeant libyen, après s’être écrié « Je n’en peux plus » en arabe et en direct, avait jeté l’éponge. Une première dans l’histoire de l’interprétariat. Le responsable de la section arabe des interprètes de l’ONU, Rasha Ajalyaqee, avait volé au secours de son collègue pour assurer les vingt dernières minutes de traduction, ce qui lui a valu un jour de repos.
Mais vous traduisez quoi, en fait ?
La question (souvent la première qu’on me pose) en dit long. Lorsqu’on me demande si je ne galère pas trop dans la traduction, si j’ai déjà traduit des gens célèbres, travaillé dans l’hémicycle de l’ONU, ou que je présente mon métier de traductrice à de nouveaux prospects ou à de nouvelles connaissances, mes interlocuteurs sont souvent étonnés d’apprendre que je ne travaille pas, ou très peu, à l’oral.
Pour la plupart des gens, la traduction est un métier un peu flou, dont les limites ne sont pas bien définies et, en fin de compte, assez méconnu. Ce qu’il faut savoir, c’est que LES métiers de la traduction sont assez variés. On peut ainsi être traducteur, interprète, travailler pour des maisons d’édition (traduction littéraire), des entreprises (traduction technique), ou encore dans la sphère audiovisuelle (sous-titrage et doublage). Ces catégories sont perméables, donc il est possible de toucher un peu à tout, selon ses qualifications. Moult possibilités s’offrent à soi !
Cet article est l’occasion de mettre en lumière certains de ces acteurs de l’ombre, les principales facettes de la traduction et ce qui les différencie. On peut dire que les métiers de la traduction sont très proches, mais somme toute assez différents, puisqu’ils ne s’effectuent pas dans les mêmes conditions de travail et ne font donc pas appel aux mêmes compétences.
La traduction écrite
Le traducteur littéraire ou technique traduit du contenu écrit, depuis une ou plusieurs langues « sources » et vers une langue « cible », sa langue maternelle ou « première » s’il baigne dans un contexte plurilingue, soit dans la langue qu’il maîtrise le mieux, qu’il utilise au quotidien et dont il se sent le plus proche. Ceci n’est en aucun cas une obligation légale, mais plutôt un gage de qualité, comme recommandé par la Société française des traducteurs, la SFT.
Pour faire simple, le traducteur littéraire travaille assez souvent avec des maisons d’édition qui vont (normalement) se charger des choix d’édition. Le traducteur technique va travailler pour ses clients soit via des agences de traduction, ou directement pour des entreprises ou des particuliers, dans des domaines a priori moins littéraires et plus techniques, mais l’un n’exclut pas l’autre.
Le traducteur se forme dans plusieurs domaines de spécialisation en effectuant des recherches documentaires et terminologiques dans le cadre de ses missions, idéalement en lien avec ses clients. Son travail peut empiéter sur celui du rédacteur, car il doit parfois rendre le contenu plus compréhensible pour le lecteur en l’adaptant d’un point de vue linguistique et culturel.
Reprenons l’exemple de l’ex-président des États-Unis. Bérengère Viennot, l’une des traductrices de Trump et autrice de La Langue de Trump, a analysé le langage de cet ovni, et comment elle s’est retrouvée confrontée à un exercice plutôt déroutant. Dans l’un de ses articles, elle rappelle que les traducteurs travaillent avec des pensées, au-delà de simples mots. En ce sens, traduire Obama, c’est du petit lait pour les linguistes, ou le petit Jésus en culotte de velours, pour citer ma grand-mère. La pensée est claire, structurée et logique, le langage riche et précis, teinté d’éloquence, de finesse et d’autodérision. La pensée de Trump, plus creuse et nébuleuse, est paradoxalement bien plus complexe à rendre. Un exercice auquel Bérengère a dû se faire. Comme elle l’explique, ce n’est pas tant la compréhension qui pose problème (l’ex-président ne maniait pas le second degré, il n’utilisait pas de références culturelles et possédait le vocabulaire d’un écolier de 5e), c’est le rendu de la pensée creuse : un langage restreint qui reflète une pauvreté de pensée, soit dit en passant, alarmante et dangereuse. Bérangère examine comment Trump se raccroche aux propos des journalistes et utilise toujours les mêmes mots en boucle (pour citer ses adjectifs préférés : great, tremendous, incredible et strong, sans oublier les incontournables « good » et « bad »). Un discours qui aura eu pour effet (voulu ou non) de toucher un électorat plus vaste, englobant l’Américain simple.
L’interprétation : la traduction orale
L’interprète, quant à lui, effectue des missions à l’oral. L’interprétation (ou « interprétariat ») peut être simultanée (chuchotée ou non), consécutive, de liaison (en petit nombre, dans un cadre privé ou professionnel, sur les salons, etc.). Les interventions plus formelles requièrent l’utilisation d’une configuration particulière (notamment lorsqu’elles sont multilingues) : mise en place de cabines dans lesquels les interprètes sont « isolés » avec un casque-micro (cf. photo ci-dessus, comme à l’ONU) et utilisation de casques en salle pour les auditeurs, avec possibilité de changer de canal de langue comme on changerait de chaîne de radio. L’interprétation est un exercice qui nécessite une bonne mémoire et une certaine facilité pour passer d’une langue à l’autre, ainsi qu’une bonne résistance à la pression. La charge cognitive étant assez importante, l’intervention est en général limitée à une vingtaine de minutes. S’il s’agit d’une intervention plus longue, plusieurs interprètes se relaient toutes les 20-30 minutes (cf. Kadafi).
L’interprète effectue, quand il en a le temps et s’il dispose d’informations sur sa mission (ce qui n’est pas tout le temps le cas), des recherches préalables sur le domaine concerné, notamment terminologiques. Comme c’est le cas pour le traducteur, l’interprète ne se contente pas seulement de traduire ce qui se dit, mais il doit également le rendre intelligible et compréhensible aux deux parties (correction grammaticale, adaptation culturelle), ce qui implique donc de faire certains choix en direct (et ce qui, dit en passant, relève un peu le niveau des discours de Trump, au moins du point de vue de la forme).
La traduction assermentée
Le traducteur-interprète peut cumuler les deux types de missions, même si cela est plus rare. Il peut d’ailleurs être assermenté, c’est-à-dire dépendre d’un tribunal et être appelé à apporter son expertise dans un cadre légal (en traduisant des documents et en servant d’interprète dans le cadre d’un procès ou au commissariat, par exemple). Il peut ainsi être amené à faciliter la communication entre un prévenu et la police ou encore traduire des documents officiels à présenter dans un pays spécifique, comme des documents d’état-civil ou des diplômes et certificats portant la mention « traduction certifiée conforme à l’original ». Il est donc considéré comme un auxiliaire de justice, au même titre que les experts judiciaires.
C’est presque un métier à part entière. M’étant renseignée sur cette branche auprès d’un professeur de Rennes 2, qui est également traducteur assermenté, celui-ci me confiait la beauté et les difficultés inhérentes à ce métier axé sur l’humain. Comment il était accueilli comme le messie de part et d’autre en tant que facilitateur de la communication, notamment. Le fait de se retrouver au plus près d’histoires humaines bouleversantes l’avait profondément marqué (il me racontait sa convocation à une reconstitution dans le cadre d’une affaire de meurtre), tout comme le fait de participer (sans le vouloir) à l’issue d’une décision de justice. Paradoxalement, dans le cadre légal, on demande à l’interprète de ne pas prendre parti, de ne pas s’identifier aux personnes concernées, tout en se mettant pourtant dans leur peau (en restituant fidèlement leur intonation, par exemple). Exercice qui peut s’avérer nerveusement éprouvant, comme me l’a confirmé une collègue et amie, après une première mission (tendue) en commissariat.
La traduction audiovisuelle
Selon sa formation, le traducteur peut également être amené à travailler dans la traduction audiovisuelle pour créer des sous-titres de contenus de type films, séries, vidéos d’entreprise, documentaires, conférences, etc. Ce type de traduction se situe un peu à la croisée de la traduction orale et de la traduction écrite, puisqu’il s’agit de retranscrire un discours oral à l’écrit (même si la traduction se base bien souvent sur une transcription du contenu source, soit le script).
D’un point de vue technique, et en plus de la correction linguistique habituelle, le traducteur doit respecter différentes règles pour créer de bons sous-titres (c’est-à-dire des sous-titres aussi peu intrusifs que possible, qui soient lisibles par les spectateurs sans que ces derniers manquent de temps pour les lire ou qu’ils aient besoin de les relire), le nombre de caractères maximum par ligne et par sous-titre, la durée d’affichage et la durée entre chaque sous-titre. Ces normes sont généralement spécifiées par le client, la boîte de production, ou plus largement par les normes de l’industrie de la traduction audiovisuelle.
Selon ce qu’on lui demande de faire (et sa formation, ou la présence ou non d’un technicien sur le projet), le traducteur doit aussi assurer la synchronisation des sous-titres, soit s’assurer qu’ils collent bien à l’audio (qu’ils démarrent en même temps que la personne qui se met à parler, ne passent pas le plan, etc.). Pour faire ce travail, le traducteur doit maîtriser les logiciels de sous-titrage comme Subtitle Edit et Caption Hub.
Tout comme ses homologues de la traduction écrite et orale, en sous-titrage, il doit adapter la réalité qui est décrite, sans en enlever l’aspect pittoresque. Comment rendre l’équivalence concernant le système scolaire, les grades de la police ou de l’armée pour un public français ? Je pense à une série policière américaine qui aura nécessité énormément de recherches pour traduire les termes juridiques dont elle regorgeait, par exemple « man 1 », « man 2 » (comprendre « Manslaughter in the first degree » et « Manslaughter in the second degree », rendus en français respectivement par « homicide volontaire » et « homicide involontaire »). Plus difficile, comment traduire une référence culturelle qui n’a pas d’équivalent en français et s’assurer qu’elle sera accessible au public ? Comment rendre l’humour ? Tous ces choix vont généralement dépendre des consignes client ou nécessiter d’être définis assez rapidement pour assurer la cohérence de la traduction (surtout s’il s’agit d’une série dont les épisodes sont répartis entre différents traducteurs par contrainte de temps, comme c’est bien souvent le cas). C’est un travail passionnant !
Les petites mains de la communication interculturelle
En tout cas, quel que ce soit le type de traduction effectuée par le traducteur : dans toutes ses déclinaisons, celui-ci est jugé d’après sa capacité à se faire oublier. Mieux vaut donc que son travail ne sente pas la traduction à plein nez et que la patte du traducteur ne se fasse pas remarquer !
Celui qui s’est bien fait remarquer, en revanche, c’est Thamsanqa Jantjie. Ce Sud-Africain avait réussi à se faire passer pour l’interprète de langue des signes de Barack Obama lors de la cérémonie d‘hommage à Nelson Mandela le 10 décembre 2013. Prestation singulière et, somme toute, assez alarmante. L’homme, ayant gesticulé de manière incompréhensible pendant un certain temps, s’était ensuite rendu dans un hôpital psychiatrique près de Johannesburg, en se déclarant victime d’une crise de schizophrénie. « J’ai vu des anges tomber sur le stade et j’ai entendu des voix, j’ai perdu ma concentration ». Véritable pathologie mentale, besoin d’attention ou court-circuit après de longues années de surcharge cognitive ?
Liens
http://www.slate.fr/story/131087/traduire-trump-mourir-un-peu