Devenir traducteur indépendant (démarrer son activité)
Ou comment partir du bon pied ! Bienvenue dans ce deuxième volet consacré au démarrage de votre activité en tant que traducteur indépendant. Le plus fastidieux étant derrière vous, vous allez désormais pouvoir vous consacrer au cœur de votre activité ! Voici quelques conseils pour vous aider à démarrer et (c’est tout le mal que je vous souhaite) à développer votre clientèle, en mettant toutes les chances de votre côté.
Soigner son réseau : s’inscrire sur des plateformes et bien remplir son profil
LinkedIn reste la plateforme de prédilection dans le monde anglophone.
Point positif, vous pouvez remplir votre profil en plusieurs langues, indiquer si vous êtes à la recherche de nouveaux employeurs, consulter des offres d’emploi et recevoir des propositions. C’est comme ça que j’ai eu mes premiers contrats.
Indiquez votre formation et votre expérience en rapport ou non avec la traduction, et si vous avez déjà fait du bénévolat en tant que traducteur et/ou chef de projets.
Proz est une plateforme incontournable dans le monde de la traduction, quoi qu’un peu datée et à plusieurs vitesses. Pour ma part, je n’ai pas vraiment trouvé de travail via la plateforme, mais c’est tout de même une ressource à avoir dans ses tablettes pour consulter les annonces ouvertes au public, référencer votre travail, échanger avec les autres traducteurs et utiliser les ressources accessibles en ligne (glossaires, etc.).
Xing est une plateforme dont se servent les germanophones.
Un projet pilote de plateforme a été mis en place récemment à Lyon, type Malt, mais qui serait dédiée aux traducteurs. Le principe : les clients publient leur offre en donnant un maximum de détails sur le texte à traduire, les traducteurs répondent à l’offre en donnant leur prix et délai. Le client peut alors choisir entre les offres des traducteurs en se basant sur le prix, mais également sur la réputation du traducteur, réputation qui sera basée sur plusieurs critères, dont le professionnalisme (la plateforme doit s’assurer qu’elle a à faire à des professionnels) et la qualité de leur traduction d’après les relectures faites par d’autres traducteurs professionnels sur la plateforme pour des projets précédents (donc pas une réputation faite par le client qui ne saurait juger de la qualité de la traduction s’il ne parle pas la langue). Stay tuned!
Définir ses spécialités
Les clients aiment sentir que vous maîtrisez le domaine sur lequel ils veulent vous faire travailler. Un profil qui ne fait que mentionner de la traduction « généraliste » ou « rédactionnelle » ne séduit guère.
Interrogez-vous sur les domaines qui vous intéressent et/ou dans lesquels vous avez déjà de l’expérience. Point trop n’en faut, si vous voulez prendre le temps de bien approfondir le champ de vos connaissances, mais avoir plusieurs cordes à son arc, c’est mieux.
Si vous avez travaillé en tant qu’enseignant, vous pouvez vous spécialiser dans le e-learning, les contenus pédagogiques, la formation continue…
Vous êtes fan de jeux vidéo ? Vous pouvez très bien mettre votre profil en avant auprès d’agences ou de clients de localisation de jeux vidéo.
Essayez de choisir des domaines plutôt porteurs. En ces temps covidés : le bien-être, le numérique, le e-learning, l’environnement (entre autres).
Vous manquez d’idées ? Faites une étude de marché ! Contactez des collègues traducteurs dans votre branche pour savoir dans quels domaines ils travaillent et comment ils s’en sortent. Ils seront tout contents de vous répondre et de vous donner des tuyaux sur les secteurs qui marchent (Éric, un collègue breton, m’avait gentiment indiqué que je pouvais partager son créneau dans l’environnement et les énergies renouvelables en allemand, car il croulait sous les demandes et devait refuser du travail). Vous pouvez également vous inscrire à des journaux locaux pour voir quelles sont les startups qui se sont développées dans votre région et qui auraient potentiellement besoin de s’internationaliser. Cela vous renseignera par ailleurs sur les tendances du marché !
Cibler sa prospection
Comment trouver des clients directs et prospecter auprès d’agences de traduction ?
Reprenez vos domaines de spécialisation et faites une recherche d’agences et/ou d’entreprises locales/nationales/internationales qui vous intéressent et qui seraient susceptibles d’avoir besoin de traducteurs.
On ne va pas se mentir, si cela vous rassure, les premiers temps, vous pouvez arroser ! Même si cela est chronophage, avec un peu de chance, vous ferez peut-être mouche. Le tout étant de ne pas se tuer à la tâche, ce qui peut générer de la déception et de la frustration.
Faites un tableau Excel pour documenter vos recherches (noms des entreprises/agences, sites Internet, coordonnées, commentaires, stratégie d’approche), de façon à avoir un suivi efficace.
Relancez au bout d’une quinzaine de jours, par e-mail ou par téléphone si vous avez un numéro et que vous êtes à l’aise.
Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier. Essayez de vous faire une petite base de 2-3 clients « réguliers » (directs et indirects via les agences), pour assurer vos arrières en cas de pépin, de fermeture intempestive ou autre déconvenue. L’idée étant de ne pas accepter trop de clients non plus, car vous devez être un minimum disponible.
Se créer un site et/ou un blog
Bon nombre de traducteurs vivent très bien sans, mais avoir son site est tout de même un gage de professionnalisme.
L’utilisation d’une adresse e-mail dédiée et sécurisée est également recommandée si vous êtes amené à travailler sur du contenu confidentiel (dans ce cas, exit les adresses Gmail et l’utilisation de Google Drive).
Si vous passez par une agence, votre site peut coûter cher, mais cela vous économisera du temps et de l’énergie. Pour ma part, j’ai pu prétendre à une aide au développement numérique (merci Pierrik), soit une enveloppe de 500 euros que j’ai pu investir dans la création de mon site. Gardez un œil sur les aides numériques !
Si vous êtes doué en développement, que vous en avez le temps (et l’énergie) et que vous maîtrisez les éditeurs du type WordPress, cela peut-être une bonne façon de vous lancer dans l’aventure en tant que traducteur indépendant. Le plus tôt étant le mieux, car ensuite vous risquez d’être pris par le travail !
À ce sujet, je me permets de faire un peu de pub pour un collègue brésilien, qui explique comment créer son site tout seul comme un grand, pas à pas. Les articles sont très bien faits (mais en anglais).
https://www.petruciotranslation.com/beginners-guide-create-freelance-translator-website/
Si vous aimez écrire (et que vous n’en avez pas marre de taper à l’ordinateur), tenez un blog ! C’est très stimulant intellectuellement. Cela vous permettra de retrouver votre voix, de soigner votre plume, de rester actif et de vous tenir informé sur les sujets qui vous tiennent à cœur.
Se former et s’informer
Consultez régulièrement des contenus en lien avec vos spécialités et essayez de vous tenir à jour dans vos différentes spécialités. Et bien sûr, lisez tout ce qui vous fait plaisir !
Abonnez-vous aux comptes d’entreprise sur LinkedIn, aux newsletters de vos clients et/ou prospects pour vous former et vous informer en continu.
Si possible, rencontrez vos clients sur le terrain ! C’est la meilleure école pour améliorer la qualité de son travail, notamment si vous travaillez dans le technique, et cela sera bénéfique aussi bien pour votre client que pour vous-même.
Formez-vous aux outils de TAO, à la méthodologie, et apprenez à vous servir des ressources disponibles en lignes, par exemple via des tutoriels.
Conseils de lecture :
Consultez les publications de la SFT pour obtenir des conseils « appliqués ».
https://www.sft.fr/fr/nos-publications
https://www.openedition.org/12089
101 Things a Translator Needs to Know, W L F 101 Publishing, Paperback, First Edition, April 2014. Ce petit livre a été écrit par une équipe de traducteurs chevronnés, d’horizons différents (parmi lesquels Chris Durban, Ros Schwartz et Nick Rosenthal). À destination des professionnels, des étudiants et des enseignants, il vous donnera des conseils synthétiques et très éclairants sur le métier de traducteur et l’art de la traduction, le tout avec une touche d’humour.
Bien s’organiser
Faites-vous un planning hebdomadaire des tâches à effectuer.
Créez une arborescence cohérente sur votre ordinateur (type « Dossiers client » / « Dossiers Trados »).
Ex : DOSSIERS CLIENT
> Admin (contenant les analyses, les contrats, devis et factures)
> Source
> Références
> Questions
> Livrables
Faites des copies de votre travail ! Sauvegardez votre travail quotidiennement pour éviter les mauvaises surprises. Utilisez des supports physiques et/ou dématérialisés.
Triez vos mails en utilisant des libellés.
Téléchargez les documents et classez-les dès leur réception.
Remplissez votre livre de recettes au fur et à mesure, n’attendez pas la fin du mois pour le faire. Réservez-vous une plage hebdomadaire pour mettre à jour vos documents de gestion et vos logiciels. Personnellement je trie mes factures et je mets à jour mon livre de recettes dès l’encaissement d’une facture pour ne pas perdre le fil.
Classez vos ressources en ligne. Parfois, la documentation peut être TRÈS fournie pour chaque client (en ligne et hors ligne). Il est important d’adopter un système de classement pour les ressources en ligne, pour s’y retrouver et ne pas perdre trop de temps à jongler entre tous vos documents.
Je vous invite à revenir consulter mon article sur les ressources en traduction, qui paraîtra prochainement sur ce blog.
Faire du co-working
Nous ne sommes pas tous des adeptes du co-working. Certains ont besoin de travailler seuls, dans le silence, tandis que d’autres se sentent plus motivés lorsqu’ils se tiennent compagnie, même sans se parler. Pas besoin d’être dans un café bondé ! Cela peut être utile si vous souffrez d’isolement, ou si vous avez du mal à vous concentrer chez vous (tiens, en parlant de ça, je me ferais bien un petit café et je me mettrais bien une petite série).
Vous pouvez également faire du co-working avec des personnes qui exercent dans d’autres activités. Qui sait, cela mènera peut-être à des collaborations transversales ?
S’inscrire aux apéros des traducteurs et rencontrer ses collègues
Après l’effort, le réconfort ! 🙂 Dans toutes les grandes villes, il y a en général des rencontres mensuelles, ou au moins trimestrielles entre traducteurs. C’est un bon moyen de faire connaissance avec vos collègues, d’échanger et de demander de l’aide, de sociabiliser et de décompresser.
Il existe aussi des groupes Facebook et des groupes sur LinkedIn. Inscrivez-vous, ça vaut vraiment la peine.
Échanger avec vos collègues peut également vous permettre de vous rendre mutuellement service et de vous faire passer des possibilités d’emploi. C’est la force du réseau !
Adhérer à la SFT
Adhérer au syndicat de la SFT (Société française des traducteurs) peut être un moyen de vous faire épauler dans vos démarches et de vous faire accompagner pour développer votre clientèle. Bien entendu, rien ne vous y oblige.
En adhérant, vous êtes référencé dans la base des traducteurs et vous bénéficiez de votre fiche dans l’annuaire des traducteurs, ce qui peut être un coup de pouce supplémentaire dans votre prospection.
La cotisation peut être un poil chère en début de carrière, mais vous avez plusieurs niveaux d’abonnements possibles selon votre budget, avec les avantages correspondants.
Le plus : vous avez accès aux formations et aux événements d’entraide (compris dans la cotisation, ou à prix réduit).
Je recommande la formation annuelle animée par Chris Durban, « Réussir son installation et se constituer une clientèle » (dispensée chaque année dans une grande ville de France).
Voilà, j’espère que cet article vous aura donné des pistes et quelques outils pour savoir dans quelle direction aller. Avec un peu de patience, vos efforts seront récompensés. Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à m’écrire. Bonne chance à vous !